Origine du nom du village
En 1365, on trouve des Écrits qui mentionnent indifféremment Germigny sur Marne ou Germigny l’Evêque.
De même, dans le relevé d’une délibération du conseil municipal du 5 mai 1793 :
Cejourd’hui, cinq Mai Mille sept cent quatre vingt treize, en l’assemblée de la commune duement convoquée, le voeu des citoyens présents consultés: ils ont d’un voeu unanime arrêté que le nom de la commune sera dorénavant « GERMIGNI SUR MARNE » et ont signé : Pauchot, Didier Claudin, Hentyanval, Boitel, Jean Depost, Dumont, François Gallois, Paquier.
La « vox populi » n’a rien changé à ses habitudes et a continué à l’appeler GERMIGNY L’EVEQUE.
Germigny, il y a fort longtemps ...
Les Normands :
– Entre 862 et 867, les vikings ou hommes du nord que l’on appellera plus tard les normands, remontent le cours de la Marne, atteignent Meaux et mettent à sac la ville.
– En 887 et 891, nouvelle invasion. Un lieu dit – le fonds des normands – situé prés de la ferme de Rézel, semble attester que ceux-ci aient ravagé le pays tout le long de la Marne, donc Germigny.
– En 1207, il est fait mention d’un château délabré qui fut remis en état par les évêques.
Au XIVème siècle : Les évêques abolirent le servage, mais les habitants devaient leur verser une redevance. Ils instituèrent un maire-juge.
En 1661 : Le seigneur Dominique de Ligny fit raser l’ancienne église et construire l’actuelle. Il fit édifier un château et agrandir les jardins de plaisance.
Le 10 septembre 1793 : L’église branla.
En 1832 : Une épidémie de Choléra frappa le village : il y eut 48 morts.
En 1883 : On construit le pont reliant Varreddes à Germigny.
Certains visiteurs célèbres de Germigny
– Saint Louis, son fils, y séjourna comme en témoignent divers diplômes royaux signés à Germigny en 1253.
– Philippe le Bel y est venu en Mai 1305 et Août 1309.
– Philippe le Long data des ordonnances de Germigny en 1319.
– En 1362, Jean le Bon y venait chasser. Son fils, Philippe le Hardi reçu dans ce château le Duché de Bourgogne, en 1363.
La vie des paysans au XIVème siècle
Le maire, juge placé par le seigneur pour rendre la justice en son nom, était le seul dispensé de ces corvées.
Germigny au début du 20ème siècle
Le village comptait 293 habitants en 1900 et 236 en 1920.
II y avait de nombreux commerçants et artisans :
– une auberge-épicerie-mercerie-draperie,
– quatre hôtels-restaurants, dont deux faisaient épicerie et un bureau de tabac,
– un boucher charcutier,
– un charron,
– deux coquetiers,
– un cordonnier,
– un ébéniste,
– un maçon,
– un marchand de bois et charbon,
– un maréchal ferrand serrurier,
– deux menuisiers,
– un marchand de nouveautés et draperies,
– un fabricant de porte-monnaie.
Vers 1912, il s’y ajoute un bureau de poste auxiliaire et une cabine téléphonique.
La guerre 1914-1918
Le mardi 1er septembre 1914, vers 17 heures, première arrivée de réfugiés belges venant de la région de Namur ; en tout une vingtaine de voitures chargées d’une partie de leur mobilier. Au dire de ces gens, les allemands sont encore loin. Mais vers 19 heures, des gens de Crépy en Valois s’arrêtent à leur tour : ils sont porteurs de mauvaises nouvelles. L’armée française bat en retraite. L’instituteur, Mr Ourry, songe à sauver des archives en les enterrant dans le cimetière. Dans la nuit vers 3 heures, les gens de Varreddes traversent le pont et prennent la route de Trilport.
Le mercredi 2 septembre, vers 7 heures, les gens de Germigny les suivent en espérant prendre un train à Trilport. Les fermiers partent avec leurs chariots, 60 vaches et 30 chevaux. Ils s’arrêteront à la Celle sur Morin. II reste dans le village 17 personnes sur une population de 230 habitants. Dans l’après-midi, des troupes anglaises traversent Ie pont et des canons sont mis en batterie sur la terrasse de Monsieur Blacque, maire du village, resté à Paris. D’autres pièces sont installées dans la propriété de Monsieur Thiébaux.
Le vendredi 4 septembre, vers 8h30, Mme Fleury entend des chevaux dans la rue : c’est une patrouille de Uhlans (cavaliers allemands). Apparemment, les anglais ont battu en retraite sans combattre. Cette patrouille de Uhlans s’arrête au corps de garde. IIs trouvent une échelle, scient un poteau téléphonique et s’en servent comme d’un bélier pour ouvrir les maisons et les piller. Un officier entre chez Mme Fleury et s’exprimant en français, réclame un thé et des oeufs à la coque ! Les troupes se font de plus en plus nombreuses, venant de Varreddes, se dirigeant vers Trilport. Il est 14h. M. et Mme Fleury, M. et Mme Toupry, M. et Mme Bergeron, Mme Mercier et son fils décident de s’éloigner du village. Après avoir entassé dans une brouette des pommes de terre et des couvertures, ils se dirigent vers l’allée de la Pierre jusqu’à la carrière de M. Léger, à environ 1500 mètres du village. Ils en font leur gîte avec de la paille prélevée aux meules voisines. Jusqu’au lundi matin, ils resteront dans cette carrière, les hommes cependant retournent chaque jour au village chercher du ravitaillement. Les occupants les laissent tranquilles.
Le samedi 5, la bataille éclate sur le plateau d’Iverny. A Germigny, les allemands ont crénelé tout les murs de la pro-priété de M. Thiébaux, une tranchée a été faite en avant du mur, une autre route de Trilport, non loin de la croix ( à la hauteur du chemin des vignes ).Une barricade composée de matériaux divers, machine agricoles, et voitures ferment la rue à l’entrée du village en arrière de cette tranchée ( certainement à la hauteur du chemin des buttes ). Les batteries lourdes sont installées dans le bas de la côte à Mallet, derrière l’école et l’artillerie de campagne au « château » prés de la route d’Isles les Meldeuses.
Le dimanche 6, deux Uhlans découvrent les réfugiés : M. Fleury leur montre sa jambe affectée d’une plaie variqueuse; ils regardent et s’éloignent. Cependant, dans le haut du pays, M. Buhry, le garde champêtre est fouillé: il portait sur lui la somme de 800 Frs, un titre de rente au porteur, une montre en argent avec sa chaîne: on lui enlève le tout ; il proteste; on le conduit chez le major, il proteste à nouveau et réclame son bien volé. Le major le traite d’espion. Après avoir décliné son identité et son adresse, le major lui compte ses 800 Frs et le renvoit malgré ses réclamations au sujet de son titre de rente et de sa montre. Le garde champêtre ne rentre pas chez lui, il se réfugie chez M. et Mme Damdumon, le monsieur est paralysé. Les allemands ont écrit sur la porte « vieillard malade ». La maison sera épargnée. Mr et Mme Broque viennent les retrouver; ils passeront la plus grande partie des mauvais jours ensemble, dans la cave. Le dimanche 6 ( début de la contre attaque française ) la bataille s’est rapprochée. Les troupes stationnées dans le village prennent part à la lutte. L’artillerie tire dans la direction de Chambry-Penchard, une partie de l’infanterie re-tourne à Varreddes renforcer les troupes. Des obus tombent sur Germigny. Un groupe de prisonniers civils ( 8 environ ) est enfermé avec une quarantaine de prisonniers militaires, tout d’abord à Varreddes, mais les obus pleuvent nombreux; les gardiens craignant pour eux même font reprendre au convoi la route de Germigny. Tout autour d’eux les rafales d’obus viennent labourer le terrain et briser les arbres. Les prisonniers arrivent au pont sous la mitraille; l’un après l’autre, ils le franchissent en courant. Enfin on les enferme dans la boucherie Verdez sans boire ni manger, et l’on cloue les ouvertures pour empêcher les évasions. Vont-ils passer la nuit là ? Non. Auprés de la maison, les batteries dont nous avons parlé, tirent. L’artillerie française qui les a repérées, tire à son tour; la place est intenable. Les soldats s’enfuient en hâte, on décloue les portes de la prison et nos compatriotes sont bousculés et conduits sur la route d’Iles les Meldeuses. Ceux qui purent résister au martyr de la route qu’ils allaient par-courir de concert avec les otages de Varreddes devront passer de long mois en Allemagne. C’est également le dimanche 6 après-midi que la ferme de M. Blacque, occupée par le commandement d’une compagnie, fut incendiée, certainement par l’explosion d’un obus. Tous les bâtiments situés à gauche en entrant et au fond de la cour furent la proie des flammes.
Le lundi 7, à partir de 11 heures, elles ont changé d’objectif et c’est dans la direction de Meaux qu’elles envoient leurs projectiles. Ce jour là les réfugiés de la carrière rejoignent le village et comme le dit l’un d’eux «mourir pour mourir, il vaut mieux mourir chez soi» L’infanterie allemande se rend en renfort à Varreddes. Dans la matinée, le village n’est plus occupé que par une escouade, mais à 22 heures, toutes les troupes rejoignent leurs campements.
Le mardi 8, les allemands plient bagage, emportant tout leur matériel, franchissant le pont vers Varreddes, obliquant aussitôt sur la droite pour rejoindre la Fontaine des Anses sur la route de Congis, évitant ainsi le village de Varreddes. Le départ fut précipité, pour preuve, les boulangers pétrissaient dans l’ancienne maison Neuwens, et s’apprêtaient à cuire le pain dans des fours portatifs. M. Toupry découvre cette pâte préparée, en rapporte des morceaux à d’autres habitants privés de pain depuis une semaine. On en fait des espèces de crêpes que l’on trouve délicieuses. Apparem-ment, le dernier soldat allemand vu à Germigny est un cavalier égaré qui cherchait ses « Kamarades », il pouvait être 16 heures. Dans la soirée, vers 19 heures, une patrouille d’infanterie du 117ème ( française ) venant de Trilport, certainement par les bois de la Mairesse, s’approche de la Marne par le « kiosque à Bossuet » avec l’intention de s’approcher du pont toujours intact. Une fusillade éclate; des allemands probablement sur la palée et sur la rive côté Varreddes prennent cette patrouille sous leur feu. Deux soldats français sont retrouvés sur le chemin de halage. De nombreux impacts de balles sont relevés sur les arbres de l’allée de l’église et sur la façade le la maison Fetter, face à cette allée. La fusillade a durée environ 20 minutes; le calme se rétablit puis tout d’un coup, une détonation formidable éclate; c’est l’arche centrale du pont qui vient de sauter. La nuit est tombée, plus de bruit, M. Buhry entendant parler le long de ses fenêtres, croit distinguer des mots français. M. Fleury entends les pas des chevaux mais il ne sait pas de qui il s’agissait.
Le mercredi 9, au lever du jour, il inspecte la route, voit les fers imprimés dans la poussière et pense qu’un patrouille est venue de Trilport à Germigny. MM. Toupry, Brocque et Buhry sortent de leur refuge, cherchant à comprendre ce qui s’est passé la veille. Ils voient l’arche du pont détruite. Suivant la Marne, remontant le cours près du kiosque sur le bord du chemin, ils découvrent les deux soldats du 117ème étendus, morts. Les trois hommes les considèrent avec émotion, puis battent un champs de maïs où ils trouvent encore un cadavre. Derrière le jardin de M. Quinegagne, ils voient un sergent assis; il a la poitrine traversée par une balle. C’est le sergent Pestel. Il fait comprendre que la patrouille dont il faisait partie a été attaquée en arrivant au village. Un autre soldat blessé rejoint le groupe : il a la mâchoire fracassée et la gorge percée. On les conduit chez Mme Fleury, qui lave leur plaies. On place les blessés dans une voiture à âne. MM. Fleury et Bergeron, avec l’aide d’un homme de Marsancelles les évacuent sur Trilport où ils arriveront vers 11 heures et seront remis aux autorités militaires. M. Buhry, le garde champêtre, découvre neuf cadavres de soldats du 117ème alignés dans la cour de la maison de Mme Quinegagne et dans la maison même, celui du sergent -major. Ce sont des soldats tués dans l’affaire de la soirée de mardi. Comment ces cadavres ont-ils été apportés là ? Et par qui ? Probablement par des camarades de leur régiment. Un bataillon du 117ème occupe la propriété Thiebaux. Le garde signale à un officier, la présence des hommes morts près de la Marne et s’offre à ouvrir le cimetière. L’officier répondi : impossible, car pour le moment nous avons des occupations très pressantes ! Cependant, du Gué à Tresmes, les allemands tiraient encore des obus qui tombent dans la propriété de M. Thiebaux. Le feu cesse dans la matinée, le silence se fait dans la plaine de Varreddes. Le village est libre. Mais dans quel état ! Ce qui frappe tout d’abord, c’est l’aspect des rues : des choses de toutes sortes : de la paille, des meubles, des matelas, des cadavres et des débris d’animaux, des équipements militaires, des armes et surtout (et partout) des bouteilles vides. Le village renferme un certain nombre de belles propriétés, un hotel important dont les caves étaient bien garnies, c’est-ce qui explique la présence de 10 à 12 000 bouteilles vides éparses de tous cotés. Par les fenêtres et les portes des maisons ouvertes, on aperçoit l’intérieur en désordre. Toutes ont été pillées, certaines ont reçu des projectiles. En plus de la ferme du maire à moitié détruite par un incendie, un hangar situé sur la route de Trilport a certainement brûlé. Les vitraux de l’église ont beaucoup souffert. Le logement de M. Ourry, l’instituteur a été totalement saccagé et parsemé d’immondices. Sur le tableau noir de l’école, on lisait cette inscription à la craie: « nach paris ! Avec les meilleurs salutations des Poméraniens » L’hôtel tenu par M. Duporge offrait un exemple de la bestialité des occupants : tout était saccagé et retourné. Cinq tombereaux et deux mois de travail furent nécessaires pour remettre les choses en état. Chez M. Rouillon, près de l’hôtel, il y avait une table de vingt couverts, garnie de fleurs et de candélabres, des restes de repas s’y trouvaient encore et des bouteilles, en nombre invraisemblable. Dans le salon, fauteuils, chaises, canapés, pendules et tableaux étaient brisés, crevés, éventrés à coup de sabre. Le piano, seul avait été épargné. Pour le village uniquement, les dommages causés ont été évalués à 172 000 francs pour les cents réclamants, non compris la destruction du pont. Ce chiffre a été fixé par la commission cantonale d’évaluation des dommages de guerre siégeant à Meaux.
Le jeudi 10 septembre, le garde champêtre M. Buhry, voulut inhumer les soldats qui gisaient depuis le soir du 8 dans la cour de M. Quinegagne. M. Emile Bergeron, M. H. Fleury et le garde champêtre procédèrent à cette opération dans un terrain communal situé devant l’ancien château de Bossuet, derrière le calvaire élevé en 1893 ( actuellement allée du Château ). Mais auparavant, les trois hommes recherchèrent l’identité des soldats afin de renseigner plus tard les familles. Ils eurent le courage d’inventorier tout ce qu’ils trouvèrent sur les corps et d’en dresser un procés verbal. Cette lugubre opération permit d’identifier huit des malheureux sur dix. Le père du neuvième, prévenu par un caporal de l’escouade à laquelle son fils appartenait, vint à Germigny et grâce aux renseignements recueillis lors de l’inhumation, acquit la certitude que son fils était dans la tombe, et en donna le nom. Quand au dixième, rien n’a pu permettre de retrouver le nom. Toutes les familles savent où reposent ceux quelles chérissaient.
Voici la liste des soldats tombés à Germigny : MINOYE Ernest – DASVANCE Victor – GERBAULT Auguste – CHENAL Nicolas – ROUX Principe – MORIN François – RAGOT Albert – FORTIER – Un SOLDAT INCONNU Quatre de ces soldats étaient originaires de la Sarthe; Le cadavre d’un soldat allemand à été retrouvé et enterré non loin de la tombe française à gauche du chemin de Lizy.
Dans les premiers mois de l’année 1920, l’autorité militaire a fait transporter les restes des soldats inhumés dans cette tombe, au cimetière militaire de Chambry qui comporte quatre vastes ossuaires.
La guerre 1939-1945
Tout se passe dans le meilleur optimisme jusqu’en avril 1940 où ils voient miner le pont.
Ainsi, après le 26 mai, le pont sera gardé, et des laissez-passer seront exigés.
L’exode :
Le 10 juin 1940, les familles de Germigny qui étaient encore au village reçoivent l’ordre d’évacuer. Par leurs propres moyens, ils rejoignent Villecerf, lieu qui leur était conseillé.
Les habitants de Varreddes qui traversent Germigny à 19 heures, ce jour là , ne trouvent plus une âme.
On suppose que ce sont les 11 et 12 juin que Germigny fut pillé.
C’est après le 13, en regagnant leur village, qu’ils apprennent le combat meurtrier suivant :
L’action du 13 juin 1940 :
Le 13 juin 1940, vers 3 heures, Ie chef de bataillon reçoit, l’ordre de se replier vers la Marne et vers Germigny.
A 11h30, les soldats français sont entre Trilport et le village.
Côté Germigny, deux arches du pont sont dynamitées le 13 juin 1940 à 13 heures.
La troisième arche est aussi touchée par la violence de la détonation.
Plus tard, les allemands occupant Varreddes établiront une passerelle en bois.
A 15 heures, les soldats allemands passent la Marne et sont à Germigny.
Après de violents bombardements d’artillerie ennemie, quelques tués et de nombreux blessés, l’ennemi se dirige sur Trilport.
Bilan : 19 morts pour les Français et 1 pour les Allemands !
Nous ne savons pas grand chose sur la libération de Germigny, Ie village étant en retrait des grandes voies de communication. On pense que les libérateurs américains traversèrent le village un matin avec quelques chars.
Aujourd'hui, le château
Aux XIIIème et XIVème siècle, le manoir remis en état vit s’arrêter des rois : Saint Louis en 1253, Philippe le Bel en 1305, Philippe le Long en 1319, Jean le bon en 1361, Philippe le Hardi en 1363. Le manoir des évêques, en dépit de ses tourelles et de ses murailles qui lui donnait un aspect féodal du côté du village et des bois, était peu propre à la défense.
En 1426, l’hôtel est en ruine et les terres en friche. Pendant une longue période, les évêques ne purent résider dans leur maison de campagne. Louis de Melun la fréquenta davantage, Guillaume Briçonnet, installé en 1516, fit exécuter des réparations à sa maison. Il est certain que c’est sous l’épiscopat de Dominique de Ligny que la maison de campagne devint un véritable château. Il y dépensa plus de 500 000 écus. Quand les travaux furent terminés, on pouvait voir du milieu de la cour, le bâtiment de face, une tourelle de chaque côté et deux ailes importantes. Le tout était agrémenté de plusieurs allées plantées d’arbres, dont une terrasse le long de la Marne, qui est d’ailleurs toujours visible, ainsi que douze rangées de tilleuls du kiosque jusqu’à la place. La maison comprenait au dessus du rez de chaussée, un entresol et deux étages avec toiture à la mansard. Deux pavillons lui étaient accolés. La maison avait grand air, précédée d’une cour et d’une avant cour, fermée d’une grille en fer forgé vers laquelle convergeaient trois avenues.
Au court des XVIIème XVIIIème siècle, ses successeurs, Jacques-Bégnine Bossuet, le cardinal de Bissy, Monsieur de Polignac, ne se plaisaient pas moins dans cette résidence villageoise. Ce dernier entreprit même de reconstruire les bâtiments avec plus d’élégance. On démolit donc, et quand la révolution éclata, une aile seulement du château neuf était à peu près achevée. Les chantiers furent abandonnés et on laissa sur place les matériaux. Le 17 mars 1793 la propriété confisquée fut vendue comme bien national, ainsi que toutes les dépendances.
Pendant les années 1792 et 1793, de nombreuses déprédations sont causées au château. Un négociant de Paris, Jacques Rouveau, le rachète. Depuis il est morcelé à plusieurs reprises, passant en possession des familles Menager, Gallois, Billard et Durant.
En 1830, la propriété fut divisée. Il ne resta plus que deux tourelles, un reste de galerie, un kiosque, le colombier, les terrasses et les jardins.
Aujourd’hui, du square Niemens ( la Palée ), en longeant la Marne, on peut voir l’allée de tilleuls et juger de la dimension de la propriété en allant jusqu’au kiosque, malheureusement très délabré. En reprenant la rue du château vers le village, on passe devant les vestiges : le colombier, la grande maison avec ses tourelles. En s’arrêtant aux marronniers et en tournant le dos au château, on peut imaginer les allées partant de celui-ci. Le circuit se termine en revenant par l’allée vers l’église, maintenant allée Bossuet.
La traversée de la Marne
Le passage à gué aurait provoqué la noyade, en 1682, d’un charretier et de son cheval.
Une navette existait en 1720, permettant de faire traverser jusqu’à 12 hommes.
La découverte de vestiges d’arches, témoigne de l’existence d’un pont qui enjambait la rivière. Son emplacement se situait à la sortie du parc du château, avant son agrandissement.
Le passage en bac continua à s’effectuer jusqu’à la fin du 19ème siècle.
Le pont :
Délibération du conseil municipal du 22 novembre 1863 :
Le Président Nuewens exposa au conseil que le chemin de grande communication n° 97 d’Iverny à Trilport étant terminé, il serait urgent, pour jouir du bénéfice de son parcours de remplacer le bac par un pont.
L’établissement d’un pont en rendant les communications plus faciles, augmenterait aussi la circulation.
Après examen et discussions, le conseil déclara émettre le voeu que l’étude régulière d’un pont soit faite le plus tôt possible.
Le dimanche 17 juin 1883, eu lieu la bénédiction du pont, qui commença par la communion de 17 enfants. La procession fut organisée dans l’ordre suivant : la croix, les bannières, le clergé et l’évêque. Tout le monde chantait. A la tête du pont, l’évêque fut salué par la fanfare de Trilport. De l’eau bénite fut répandue sur toute la longueur du monument.
Les destructions :
31 ans plus tard, le 8 septembre 1914, après leur départ de Germigny, les soldats Allemands firent sauter le pont pour couvrir leur retraite.
Il fut réparé, mais connut le même sort du fait des soldats Français le 13 juin 1940.
La passerelle provisoire, lancée après la guerre, fut remplacée dans les années 60 par un pont américain de secours à une seule voie, lui-même remplacé en 1976, par le pont que nous connaissons aujourd’hui.
Bossuet
Sa famille avait été anoblie par François 1er. Né en 1627, il fût destiné à la prêtrise dès l’âge de huit ans.
C’est Saint Vincent de Paul qui lui enseigna la théologie. Il a vécu à la cour du Roi Soleil où il prêcha à maintes reprises, et devint le précepteur du Dauphin. Ses remarquables sermons, plus tard ses oraisons funèbres, lui ont ouvert les portes de l’Académie Française.
Le 2 mai 1681 il est nommé Evêque de Meaux, où il fit son entrée le 7 mai 1682, pour prendre possession de son siège. Dès le lendemain, il se rend directement à Germigny. Il meurt le 12 août 1704, et est inhumé à Meaux.Il a souvent résidé au château de Germigny l’Evêque. Il préférait son château campagnard à sa résidence citadine et en appréciait la beauté et la tranquillité.
Il fut le Parrain de sa nièce, baptisée à Germigny, le 20 octobre 1702.
De ses différents domiciles, c’est Germigny qu’il préférait et de nombreuses lettres et ordonnances sont datées de notre village.
Dans le parc du château, il fit installer de magnifiques jets d’eau qu’admiraient ses nombreux visiteurs : Fénelon, les Princes de la maison de France ( Condé, Bourbon, Conti, Toulouse, Maine ), et même Madame de Montespan, ainsi que sa Soeur l’Abbesse de Fontevrault.
Bien des siècles ont passé. Si le Germigny de Bossuet n’est plus qu’un souvenir, l’ombre du grand homme y plane encore et souligne le charme tant apprécié par ceux qui l’habitent aujourd’hui.
Fin du XVIIIème siècle
Mgr de Ligny, prédécesseur de Bossuet, la transforma en château moderne avec parc et jardins.
Bossuet, entre les années 1682 et 1704, aima s’y détendre et y travailler.
Le palais Episcopal
Le château, selon Massillon, était magnifiquement bâti. II avait deux étages, une toiture à la Mansart, accolé à deux pavillons, avec une longue terrasse dominant la Marne. Les écuries et remises pouvaient recevoir 24 chevaux.
Le parc et les jardins
Bossuet aimait « le bon air de Germigny », « paradis terrestre de la Brie ».
Le domaine représentait 140 arpents, dont 60 d’allées et d’avenues… outre les fermes des évêques et les bois giboyeux.
L’eau de la Marne pénétrait dans les jardins par un canal, et empruntait la bouche des fontaines. On avait multiplié les miroirs d’eau, de toute forme et de toute grandeur.
Autour du bassin ovale, 18 orangers et 3 myrtes voisinent avec 18 pots de Fayence contenant des giroflées rouges et 60 cloches à mettre sur les melons.
Le parc était planté de taillis et de vignes.
La partie restante, de style anglais, renfermait un autre pavillon et le logement du jardinier.
La description se termine par celle des potagers clos de murs, des allées d’ormes, de tilleuls, de peupliers.
« Quand vous reviendrez (Versailles), vous nous raconterez les merveilles du printemps de Germigny » écrivait Fénélon à Bossuet le 25 avril 1692.